Le symbolisme nait officiellement à la fin du 19ème siècle. Mais il existait en réalité dès le milieu du XIXe siècle avec les poèmes de Baudelaire, notamment .
En 1886, le poète Jean Moréas publie dans Le Figaro un “Manifeste du Symbolisme” et y affirme : « la poésie symbolique cherche à vêtir l’Idée d’une forme sensible (…) »
La fin du XIXe siècle est marquée par une grande effervescence scientifique, et de nombreux progrès : les chemin de fer, l’industrialisation la photographie, le cinéma, l’expansion urbaine, les grands magasins, le télégraphe, le téléphone et même le tout début de l’aviation et le travail à la chaine…
C’est un monde en mutation, qui fait entrer les hommes dans l’air du capitalisme si bien que la foi dans la science et dans le progrès a tendance à remplacer la foi religieuse, et il semble à l’homme que tout s’explique. C’est le « Dieu est mort » de Nietzsche.
Auguste Comte (1798-1857), Ernest Renan (1823-1892). Charles Darwin (1809-1882) sont les représentants de ces idées nouvelles, de ce monde nouveau qui se dessine : un monde dominé par le matérialisme, la rentabilité et le profit, l’idéal du progrès. Et beaucoup ne s’y retrouvent pas, notamment les décadents et les symbolistes.
Baudelaire avant eux s’était déjà plaint de ce bouleversement qui s’annonçait. Il écrit dans Curiosités esthétiques :
« Il est encore une erreur fort à la mode, de laquelle je veux me garder comme de l’enfer. — Je veux parler de l’idée du progrès. Ce fanal obscur, invention du philosophisme actuel, breveté sans garantie de la Nature ou de la Divinité, cette lanterne moderne jette des ténèbres sur tous les objets de la connaissance ; la liberté s’évanouit, le châtiment disparaît. »
Mais le progrès n’est pas seul responsable de la naissance du symbolisme. Ce mouvement s’élève aussi contre le Parnasse et le Naturalisme
Le Parnasse, représenté notamment par Théophile Gautier (1811-1872) et Leconte de Lisle (1818-1894) défend le principe de l’art pour l’art, la prédominance de la forme sur le fond en poésie, et a dominé la littérature jusque vers 1880 . Rappelons que pour des parnassiens, « Tout ce qui est utile est laid, car c’est l’expression de quelque besoin. » Théophile Gautier, Préface de Mademoiselle de Maupin.
Or les symbolistes trouvent que le culte de la forme des parnassiens est excessif. Ils n’aiment pas beaucoup non plus les naturalistes. Emile Zola est le principal représentant de ce mouvement et reprend dans ses romans, les théories sur l’hérédité biologique et l’influence du milieu du médecin Claude Bernard.
Divers groupes littéraires se forment en opposition à cette vision du monde trop rationnelle, notamment les zutistes (dont feront un temps parti Verlaine et Rimbaud) Et il y a aussi les décadents. Si le décadentisme n’est pas un véritable mouvement littéraire et artistique, les décadents sont au départ très proches des symbolistes et beaucoup d’artistes oscillent de l’un à l’autre. Mais pour certains symbolistes, les décadents sont trop provocateurs .
Néanmoins, symbolistes et décadents trouvent le monde réel hideux et vont choisir de le fuir par une inlassable recherche de beauté. Bien sûr, on trouve dans leurs œuvres et de façon récurrente, les thèmes de la mort, le macabre, le morbide, la mélancolie, le désenchantement, le regret… Le symbolisme refuse l’optimisme qui anime la société de l’époque.
Mais en même temps, contre ce monde où la science prend le pas sur le rêve, les symbolistes peuplent leurs œuvres de songes, de créatures fantastiques et envoûtantes telles que des chimères, des sphinx, des sirènes, des tritons, des anges… Puisque cette vie n’est pas faite pour eux, il s’agit de rêver sa vie plutôt que de la vivre dans un ailleurs imaginaire ou spirituel…
« Fuir ! là-bas fuir ! Je sens que des oiseaux sont ivres/
D’être parmi l’écume inconnue et les cieux ! »
Mallarmé « Brise marine » (in Poésies, 1899).
On ne s’étonnera donc pas que la poésie et la peinture symbolistes explorent les thèmes du voyage, de la mythologie, de l’Orient, du mysticisme…Tout plutôt que l’ici et maintenant !
Les symbolistes cherchent une vérité supérieure, au-delà du réel. Ils veulent déchiffrer le monde, atteindre l’infini. En s’identifiant à des héros mythiques, le poète se sent en possession d’une âme universelle et immortelle.
Baudelaire, le précurseur :
Moreas propose une conception poétique qui prenne la place du Parnasse. Il pose comme maître, Baudelaire, « le véritable précurseur. » (1886), « le grand voyant » comme l’a nommé Rimbaud.
Pour les symbolistes, l’univers entier est un champ de symboles qu’il s’agit de déchiffrer, notamment par le biais du langage poétique.
Le terme symbole vient du grec ancien sumbolon, qui signifie littéralement « objet qu’on jette avec un autre ». Un sumbolon était en réalité un objet dont deux familles grecques partageaient chacune un morceau complémentaire, ce qui leur permettait de s’identifier en les réunissant. Il s’agissait donc d’un signe de reconnaissance.
« Un symbole est l’association de deux réalités pour produire un signe nouveau : l’espérance-étoile, par exemple. Il associe souvent une image concrète à une abstraction. Il transpose l’idée en image, crée des analogies suggestives. » Xavier Darcos, Histoire de la littérature française, Paris, Hachette, 1992, p. 331
Le déchiffrement du monde
Pour les symbolistes, le monde sensible (c’est à dire le monde que nous appréhendons par nos sens) n’est qu’une apparence. (Voir Platon). Et derrière ces apparences se cache un autre monde, une réalité secrète, dont le poète sera le traducteur .
Pour déchiffrer le mystère des choses, le poète symboliste a donc recours aux symboles et aux images.
On trouve cela déjà chez Baudelaire sensible aux correspondances entre le monde visible et le monde invisible. Notamment dans le poème « Correspondances » ci-contre.
La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers »
Pour Baudelaire, le rôle du poète est de décoder les signes pour parvenir à la compréhension des mystères de l’univers. Pour y parvenir, Baudelaire s’appuie sur des synesthésies et des symboles pour déchiffrer le monde. Pour Baudelaire, les correspondances sont un élément d’une mystique selon laquelle le monde visible est dans son ensemble un reflet du monde invisible. Le poète a besoin du symbole car il est le point de jonction entre l’idée et le monde.
Le symbole va donc désigner toute réalité visible et concrète pouvant en évoquer d’autres, invisibles et abstraites.
Il va donc occuper une place essentielle dans la poétique symboliste. En fait, il représente la porte d’accès vers l’infini, vers un autre monde. Les symbolistes vont donc s’efforcer de découvrir ce qui se cache derrière les apparences de l’objet le plus banal.
Mais le symbole n’est pas univoque, n’a pas un seul sens évident. Il s’offre à diverses interprétations et de ce fait possède un puissant pouvoir de suggestion, d’évocation, et ouvre sur de nombreux mondes imaginaires.
De cette manière, la poésie symboliste entend suggérer le sens mystérieux de l’univers et de l’existence, et se veut un moyen de découverte et de révélation.
Le langage perd sa fonction ordinaire : il ne sert plus à raconter ni à divertir, mais à dépasser les apparences pour atteindre l’essence des choses et nous placer au cœur d’une réalité autre que celle que nous connaissons.
D’où le gout des poètes symbolistes pour les tournures recherchées et les termes rares, chargés d’histoire ou de connotations qui créent des réseaux entiers d’images. Au point que certains textes, notamment ceux de Mallarmé, sont assez hermétiques.
La musique
Vers 1871-73, Verlaine écrit son Art poétique en réaction contre l’idéal parnassien dont pourtant il a été très proche.
Pour lui, la poésie doit se rapprocher de la musique (et non de la sculpture comme le revendiquait le parnassien Théophile Gautier). Et les poètes symbolistes considèreront la musique comme l’art suprême ; ils chercheront à introduire de la musicalité dans leurs vers, à travers un travail sur le rythme.
D’ailleurs, des compositeurs comme Richard Wagner (1813-1883), Gabriel Fauré (1845-1924), Claude Debussy (1862-1918) ou encore Maurice Ravel (1875-1937), rencontrent un succès retentissant auprès de la génération symboliste.
Je dis : une fleur ! et, hors de l’oubli où ma voix relègue aucun contour, en tant que quelque chose d’autre que les calices sus, musicalement se lève, idée même et suave, l’absente de tous bouquets.
Stéphane Mallarmé
Les mots :
La poésie doit suggérer. Et le mot n’a pas à atteindre l’exactitude. Au contraire, c’est dans « le halo d’un mot d’apparence inexacte que réside sa puissance poétique » Et tout cela ne peut être que suggéré. Verlaine écrit dans son Art poétique :
Il faut aussi que tu n’ailles point
Choisir tes mots sans quelque méprise
Mallarmé lui, voudra « Donner un sens plus pure au mot de la tribu » telle est la première fonction du poète. Sans forger de mots nouveaux, le poète doit détourner les mots courants de leur sens traditionnel.
Suggérer les choses, voilà le but des symbolistes.
Aussi s’abstiennent-ils de descriptions trop concrètes ou trop réalistes. Ils préfèrent l’évocation des sensations et des impressions, en recourant le plus souvent à l’analogie et à la synesthésie (qui consiste à établir des équivalences entre des sensations provenant de différents sens).
Ainsi la poésie se trouve libérée de toute référence au réel et n’obéit ainsi qu’à sa propre logique. Pour les symbolistes (Mallarmé), la poésie doit donc n’être ni descriptive ni narrative, mais suggestive.
« Nommer un objet, c’est supprimer les trois quarts de la jouissance du poème qui est faite du bonheur de deviner peu à peu ; le suggérer, voilà le rêve ».(Mallarmé)
Parler en poète, c’est se contenter d’ « une allusion » aux choses « ou de distraire leurs qualités qui incorporent quelques idées ». Le lecteur n’a pas à être conduit par la main, au lieu précis de la pensée du poète : à lui, de trouver l’idée incluse dans le mystère du poème. À lui de se laisser conduire par d’ imperceptibles indices en des lieux où une pensée se cache et s’épanouit
La rime, le vers :
Pour Verlaine, même la rime ne doit pas être trop riche, trop agressive et se contenter d’un à peu près qui touche l’oreille sans la frapper.
Quant aux vers, par le nombre impair, ils doivent laisser dans l’esprit quelques insatisfactions.
En fait, ce qui compte c’est la nuance, le flou et le flottant, parce que l’objet de la poésie n’est pas l’idée claire, le sentiment précis, mais le vague du cœur, le clair-obscur des sensations, l’indécis des états d’âme :
« Car nous voulons la Nuance encor,
Pas la Couleur, rien que la nuance ! »
Pour Verlaine et dans une large mesure pour Mallarmé, le vers doit donc être sauvé ; Mallarmé résistera de toutes ses forces à la montée du vers-librisme.(Le vers libre). En ce sens, il est encore en accord avec le Parnasse. Toutefois, les symbolistes libèreront la poésie du vers cher aux Parnassiens, et recourront souvent aux vers libres, qui ne présentent aucune structure périodique régulière.
La doctrine de Mallarmé contient trois éléments différents et parfois opposés :
o Le mot ou le vers comporte une valeur musicale propre
o L’objet n’est désigné que par une image allusive
o La matière du poème est une idée, c’est-à-dire une notion abstraite intellectuelle ou émotive.
Une Saison en enfer de Rimbaud, 1873 propose une méthode poétique, plus audacieuse que celle de Verlaine et dont la portée sera beaucoup plus grande. (Méthode que Rimbaud lui-même n’a pas appliqué). Mais son ambition est « d’inventer un verbe poétique, accessible, un jour ou l’autre, à tous les sens », et de noter « l’inexprimable ». Cette « alchimie du verbe », qui suppose une hallucination sensorielle dont l’hallucination des mots ne serait que la traduction.
Pour Rimbaud, les inventions verbales auraient le pouvoir monstrueux de « changer la vie », c’est-à-dire de créer non seulement un nouvel aspect des choses, mais un monde nouveau : « des êtres parfait, imprévus, s’offrirons à tes expériences… Ta mémoire et tes sens, ne seront que la nourriture de ton impulsion créatrice »
Jamais, en effet, les limites de la puissance poétique n’avaient été reculées aussi loin. Le poète[3] reprend à bon droit, le titre primitif de « fabricateur » de « créateur ». Le verbe retrouve sa fonction divine[4].
La réforme de la poésie implique donc une réforme de la sensibilité, de la vision. Le poète doit devenir voyant par « un long, immense et déraisonner, des règlements de tous les sens »(Rimbaud), mais la réalité la plus immédiate devait aussi lui offrir une nouvelle source d’inspiration.
Le symbolisme conduit à une profonde révolution du langage poétique et représente un apport majeur à la littérature du XXe siècle.
Un certain type de femmes occupent une place prépondérante dans l’univers symboliste. Femme idéalisée et femme fatale se partagent l’intérêt de ces poètes.
Deux figures féminines, en particulier, hantent tout le mouvement : Ophélie et Salomé.
Ophélie
Dans Hamlet (1603) de William Shakespeare (1564-1616), Ophélie, délaissée par son fiancé, se noie dans une rivière alors qu’elle est occupée à couper des fleurs. Accident ou suicide ? Le mystère demeure, mais quoi qu’il en soit, la figure d’Ophélie est devenue un thème récurrent des arts et de la littérature. Depuis, les peintres et les poètes la représentent ou la décrivent couchée sur l’eau, entourée de fleurs.
Ophélie incarne l’idéal d’une femme belle, douce, vierge et pure, comme en témoignent ces quelques vers de Rimbaud.
Sur l’onde calme et noire où dorment les étoiles
La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,
Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles…
– On entend dans les bois lointains des hallalis.
Arthur Rimbaud, Cahiers de Douai, « Ophélie » , (1869-1871)
Salomé
À l’inverse, Salomé est une femme d’origine orientale, brune ou rousse, parfumée, voluptueuse et envoûtante. Sa figure apparaît dans la Bible (Évangiles de saint Matthieu et de saint Marc). Salomé est présentée comme une dangereuse séductrice et comme une femme fatale. Selon le récit biblique, la jeune femme, en dansant voluptueusement devant le roi Hérode, obtient de lui tout ce qu’elle désire et lui demande la tête de saint Jean-Baptiste, qui s’oppose au mariage de sa mère avec le roi. Le saint est aussitôt exécuté et sa tête est apportée à Salomé sur un plateau d’argent. Si Salomé n’est pas toujours évoquée pour elle-même, le type de la femme fatale qu’elle incarne se retrouve dans de nombreuses œuvres symbolistes, notamment dans les poèmes de Baudelaire
À partir de 1885, des désaccords surgissent au sein du mouvement symboliste, et ses membres commencent à s’éloigner progressivement.
Après la mort de Stéphane Mallarmé en 1898, les auteurs français deviennent complètement réfractaires à la littérature symboliste, marquant ainsi une période clairement anti-symboliste. La deuxième génération symboliste, composée de Remy de Gourmont, Marcel Schwob, Paul Claudel, André Gide et Paul Valéry, s’éloigne du mouvement pour explorer d’autres voies.
En littérature, le symbolisme cède la place à d’autres courants et genres tels que le néo-romantisme, le roman idéaliste et mystique de Joris-Karl Huysmans, le dadaïsme de Tristan Tzara, et surtout le surréalisme, avec André Breton comme chef de file. Influencé par les découvertes récentes de l’inconscient par Sigmund Freud, le surréalisme accorde une place prépondérante au rêve et à l’imagination, à l’instar des écrivains symbolistes.
Bien que la littérature symboliste s’essouffle au début du XXe siècle, le mouvement perdure dans d’autres formes artistiques telles que la peinture, l’architecture et la sculpture, sous le nom d’Art nouveau, qui vise à concilier la beauté et l’utilité.
Le précurseur du symbolisme qui par les correspondances donne au poète le statut de traducteur entre monde visible et invisible. Cf. les Fleurs du mal et le poème « Correspondances » :
La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers.
Ce professeur de Lettres fortement influencé par Baudelaire, auteur d’Un coup de dés jamais n’abolira le hasard utilise des combinaisons syntaxiques et lexicales inhabituelles et incantatoires. Ses poèmes se caractérisent par des suggestions plutôt que des descriptions, ce qui leur confère un aspect obscur et hermétique.
« Nommer un objet, c’est supprimer les trois quarts de la jouissance du poème qui est faite du bonheur de deviner peu à peu ; le suggérer, voilà le rêve ».(Mallarmé)
Il sera l’un des maitres du symbolisme.
Sa poésie croise de nombreux mouvements. Dans son Art poétique, il fait une place essentielle à la musique.
De la musique avant toute chose,
Et pour cela préfère l’Impair
Et lui aussi affirme que la poésie doit suggérer
Car nous voulons la Nuance encor,
Pas la couleur, rien que la Nuance !
par des mots qui laissent un halo de mystère
Il faut aussi que tu n’ailles point
Choisir tes mots sans quelque méprise
Même s’il ne fait pas officiellement partie de ce mouvement, il a fréquenté ces poètes et son influence grande malgré la brièveté de son expérience poétique.
Il attribue au poète le pouvoir du Voyant ,chargé de révéler les secrets de l’univers aux mortels grâce à « un dérèglement de tous les sens » :
La première étude de l’homme qui veut être poète est sa propre connaissance, entière ; il cherche son âme, il l’inspecte, il la tente, l’apprend. (…)
Je dis qu’il faut être voyant, se faire voyant.
Le Poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens. Toutes les formes d’amour, de souffrance, de folie ; il cherche lui-même, il épuise en lui tous les poisons, pour n’en garder que les quintessences. Ineffable torture où il a besoin de toute la foi, de toute la force surhumaine, où il devient entre tous le grand malade, le grand criminel, le grand maudit, — et le suprême Savant — Car il arrive à l’inconnu ! (…)
Influencé par les correspondances baudelairiennes, il les dépasse dans la forme et dans le but qui n’est rien d’autre que « changer la vie ». Ses Illuminations, point culminant de sa quête poétique, mélangent visions, sensations, impressions, rêves et souvenirs dans un tourbillon halluciné d’images et de sons.